Les sauvageonnes dans lâassiette ! đż
Jâai dĂ©jĂ tentĂ© une cuisine sauvage avec des pĂąquerettes (ici) et des orties (lĂ ) mais pas avec dâautres plantes de peur de me tromper. Je ne voudrais pas nous intoxiquer đ€ą ! Il faut dire quâavec les orties et les pĂąquerettes, je ne prends pas de grands risques !
Lâidentification du monde florale nâest pas si aisĂ©e dâautant que certaines plantes se ressemblent.
Câest lâautomne, le temps est maussade, câest parfait pour une balade dans la prairie ou en lisiĂšre de forĂȘt ! Je me suis inscrite Ă une sortie nature pour dĂ©couvrir les plantes sauvages comestibles avec Touraine Terre dâHistoire.
Crise sanitaire oblige (đ€câest quand que ça sâarrĂȘte ?), la dĂ©couverte est revue. En effet, lâinitiation Ă la reconnaissance botanique et la cueillette respectueuse sont maintenues mais le moment convivial autour dâun buffet champĂȘtre est annulĂ©. Ce partage aurait Ă©tĂ© lâoccasion de goĂ»ter Ă des recettes oĂč les plantes sauvages sont Ă lâhonneur. NĂ©anmoins, tout en le sachant, je me suis quand mĂȘme inscrite.
Sans regret, cette expĂ©rience fĂ»t FA-BU-LEU-SEđ.
En ce dimanche (11/10), il fait un froid de canard, lâhumiditĂ© glace les os, nous essuyons deux averses mais il nây a pas de mauvais temps, seulement de mauvais Ă©quipements ! Je confirme ! Mes bottes semblent avoir fait leur temps car jâavais le pied gauche mouillé⊠elles doivent ĂȘtre percĂ©es ! En revanche, le masque đ· Ă©tait apprĂ©ciable : il tient chaud đ€Ł !
Pour que toute la fraicheur de la nature se retrouve dans lâassiette, nous avons rendez-vous dans un Ă©crin de verdure prĂ©servĂ©. Emilie Boillot, fondatrice de Touraine Terre dâHistoire et animatrice du Patrimoine Tourangeau est notre guide. Ărudite et passionnĂ©e, je lâavais dĂ©jĂ rencontrĂ©e il y a quelques annĂ©es, lors dâune initiation au dessin botanique dans le cadre des dimanches verts de Tours, au Jardin Botanique de la ville. VĂ©ritable ambassadrice de la Touraine, elle nous permet de dĂ©couvrir un patrimoine naturel. Câest vrai quâil y a de quoi de faire puisque nous vivons sur le jardin de la France et sur une terre de Loire.
AprĂšs nous avoir prĂ©sentĂ© les rĂšgles de bonnes conduites, panier en osier en main, sachets en papier et en tissus, couteau, Ă©pinette, gants, carnet, stylo et appareil photo, notre groupe est parĂ© pour la cueillette. Une loupe de botaniste nous est prĂȘtĂ©e (ce petit instrument est tout simplement gĂ©nial pour admirer les dĂ©tails).
Lâabondance de plantes sauvages comestibles est impressionnante. Je ne pensais pas quâen cette saison, elles seraient aussi nombreuses. Câest incroyable ! La terre est un jardin ! En mĂȘme temps, il fĂ»t un temps oĂč lâHomme Ă©tait un cueilleur et il subsistait ainsi, en prĂ©levant les ressources que la nature lui offrait. Dâailleurs, dans certaines civilisations, cette tradition, ce mode dâapprovisionnement pour se nourrir et se soigner perdure.
Voici quelques-unes des plantes sauvages comestibles (je nâai malheureusement pas tout retenu) que nous avons dĂ©couvertes ainsi que quelques anecdotes, informations ou aspect culinaire qui nous ont Ă©tĂ© mentionnĂ©s :
Ail des Ours (Ă la sortie de lâhiver, lors de la fin de lâhibernation, lâours se purgeait avec cette variĂ©tĂ© dâail)
Cette plante nâest pas locale mais on la trouve dans 3 stations en Indre-et-Loire, de mars Ă mai. Elle pousse Ă proximitĂ© du ruisseau qui borde la prairie oĂč nous nous trouvons. Elle aime lâeau et les endroits oĂč il y a peu de lumiĂšre. Elle se plaint Ă proximitĂ© des hĂȘtres, aulnes et noisetiers. Cette plante de printemps a des vertus dĂ©puratives, dĂ©toxifiantes.
Jâenvisage de planter cette plante au jardin au printemps prochain. Il me semble avoir un endroit dĂ©diĂ© qui pourrait lui permettre de sâĂ©panouir.
Ortie
Reminéralisante. Riche en protéines. Favorise la circulation sanguine. Teinture mÚre pour éviter la chute des cheveux.
Plus elle pousse dans des zones claires, plus elle pique. Câest comme cela quâelle lutte contre les troupeaux qui voudraient la manger ! Pour la cueillir sans se piquer, il faut la prendre par le dessous (sous les 4 premiĂšres feuilles).
Lâortie se consomme crue ou cuite. Pour ne plus quâelle pique, il suffit de la laver et la brasser dĂ©licatement dans lâeau fraĂźche.
Cuisine đŽ : jus, pĂątĂ©s vĂ©gĂ©taux, en poudre (pour mettre dans les pĂątes, dans le sel). Recette de sel aux herbes sĂ©chĂ©es : ortie, consoude, bourrache
Oseille
Petite oseille : Rumex acetosella
Riche en acide oxalique
+ stimule lâestomac
- à forte dose, est néfaste pour les reins
Cuisine đŽ : Ă utiliser en dĂ©cor dâassiette ou en mesclun
Plantain lancéolé
Riche en tanin
Protéines et vitamines
Cuisine đŽ : Pesto vert (avec du jus de citron pour bien garder la couleur verte ; de l'huile de noisette ou de pĂ©pin de raison) ou en salade
Pourpier
Tige rouge caractéristique
Cuisine đŽ : ApprĂ©ciĂ© en salade pour ses feuilles croquantes et charnues
Plantain Corne de cerf
Cousine du plantin lancéolé.
Cuisine đŽ : En salade
Pissenlit, la porcelle
TrĂšs bonne au printemps
Cuisine đŽ : A consommer chaud avec du lard
Achillée millefeuille ou achillée sauvage
Surnommée Sourcil de Vénus ou l'herbe au charpentier
A de nombreuses vertues pour soigner les maux des dames (douleurs menstruelles, suite de couche...)
A cueillir lorsque les insectes butines (si pas d'insecte, la plante est trop humide) ou Ă l'automne
Inflorescence en capitule : inflorescence formée de petites fleurs
Cuisine đŽ : Les sommitĂ©s fleuries doivent ĂȘtre mixĂ©es pour casser les fibres et en faire une tisane de fleurs fraĂźches (dans ce cas, pas de besoin de laisser sĂ©cher)
Plante condiment comme le laurier ou le romarin
La jeune feuille se mange en salade
Macérat vinaigre d'achillée : cueillir la plante au printemps/été pour profiter des principes actifs par temps sec et aprÚs la rosée du matin ; bien la faire sécher dans un linge ; hacher ; mettre dans un pot en verre propre ; recouvrir d'huile ou de vinaigre (12 cl de vinaigre de cidre un peu chauffé, 1 CS de miel) ; laisse macérer 3 semaines durant dans le pot en verre fermé et mis à température ambiante, à l'abri de la lumiÚre. AprÚs 3 semaines, filtrer.
âïžâïžâïž Ne pas confondre l'achillĂ©e millefeuille, la carotte sauvage, le cerfeuil et la cigĂŒe. Cette derniĂšre est toxique. Les feuilles et ou les fleurs peuvent porter Ă confusion quand on n'est pas expert !
Socrate, condamnĂ© Ă mort, a bĂ» un poison : la cigĂŒe qui le conduisit Ă une mort lente (il a dĂ©crit les symptĂŽmes ressentient).
De maniÚre générale, tiges rugueuses + mauvaise odeur = toxique ; poils sur les tiges = comestible
Daucus carota (ou carotte sauvage)
Quand on froisse les feuilles, on sent la carotte
Cuisine đŽ : La jeune pousse est Ă consommer en salade
TrĂšfle rouge
Cuisine đŽ : la fleur est sucrĂ©e : Ă utiliser en dĂ©co sur/dans une assiette
Berce
Cuisine đŽ : la confiture de berce se marie trĂšs bien avec le Sainte-Maure de Touraine, fromage de chĂšvre local typique mais aussi avec du poisson.
Le fruit de berse et le coquelicot vont bien ensemble. La graine de berse peut ĂȘtre aussi utilisĂ©e dans le vin chaud.
Pavot de Californie
Cuisine đŽ : En tisane (Ă consommer le soir car elle a des vertues apaisantes) ou en dĂ©co d'assiette
Rumex acetosa
Cuisine đŽ : en sauce, en omelette...
Origan sauvage
Cuisine đŽ : La fleur et la feuille se consomment.
Bouillon blanc
Excellent pisse mémé, aussi antitussif
Cuisine đŽ : tisane de fleurs fraĂźches. La fleur se mange aussi fraiche en salade. DĂ©co de l'assiette Ă©galement.
Lierre terrestre
La période idéale pour le cueillir est au début du printemps et en avril
Cuisine đŽ : En sirop Ă faire caramĂ©liser pour accompagner un rĂŽti de porc
Rouler du fromage dans la feuille ou hĂącher en sauce (s'accomode trĂšs bien avec du poisson)
Reine des prĂšs
On la trouve dans les prĂšs humides Ă partir de juin. La fleur a une odeur de vanille.
Cuisine đŽ : Egrainer les fleurs sur des tomates, un gĂąteau ou dans une crĂšme anglaise
Les feuilles de chĂątaigner peuvent ĂȘtre utilisĂ©es comme du "film alimentaire",.
Les bourgeons sont utilisĂ©s en gemmothĂ©rapie. PossibilitĂ© de faire des dĂ©conctions de bourgeons de frĂȘne noir, de bourgeons de noyer.... Tout un tas de choses trĂšs intĂ©ressante !
AprĂšs 3 heures 30 de dĂ©couverte, on en a vu des plantes (aussi de la consoude, des poires sauvages, la menthe suave...) ! đ€©
Avant de partir, Emilie Boillot nous remet un feuillet avec quelques recettes et propose une bibliographie en nous montrant les livres qu'elle apprécie et qu'elle trouve pertinent sur la cueillette et la cuisine des plantes sauvages comestibles. Comme on a pu les feuilleter, j'ai déjà fait ma petite sélection. Comme pour les champignons, il faut toujours s'assurer de sa cueillette avant de la consommer et vérifier dans un bon bouquin, précis, est fortement recommandé.
Aussi, la sortie ayant lieu Ă proximitĂ© d'un domaine domiacale, j'ai pour la premiĂšre fois entendu parler du Capitulaire De Villis. Ce regroupement des dĂ©cisions souhaitĂ©es par Charlemagne pour la bonne gestion des domaines impĂ©riaux prĂ©cise les vĂ©gĂ©taux qui devaient ĂȘtre cultivĂ©s dans les domaines royaux : dans le jardin des simples, au potager, au verger.
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J'envisage de renouveler cette expĂ©rience au printemps avec les plantes du moment tout en espĂ©rant que le buffet champĂȘtre soit possible (si on arrive un jour Ă ne plus ĂȘtre restreint dans nos libertĂ©s).
VoilĂ une sortie bienfaitrice qui permet de renouveler son regard sur le monde vĂ©gĂ©tal et dâamĂ©liorer son quotidien gustatif.
A bientĂŽt !đđ·đžđđ